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"Van life", des vacances à l'introspection

Nous sommes Samedi, veille de notre départ pour 5 jours de road trip en van et rien n’est encore prêt.


Je ne m’inquiète pas plus que ça car je sais comment fonctionne Charles, mon ami depuis 20 ans, mon presque frère; rien n’est jamais prévu et même lorsqu'on prévoit, ça ne se déroule jamais comme ça!


Déjà quelques années que l’un de mes rêves était de partir pour un road trip en van, mais attention, je ne vous parle pas du van tout confort, tout beau, tout feu tout flamme, mais DU van, le VRAI.

Celui que vous avez du mal à conduire tellement il est vieux et dépassé et qui vous ramène illico presto dans une époque malheureusement révolue: les années hippies.


Après quelques recherches en vain, car ne l’oublions pas, depuis le Covid, il y a une vraie tendance et une forte demande autour de la « van life », Charles me propose d’en louer un, équipé d’une douche, toilettes, 2 lits, méga cuisine et joli salon intégré.


Mais il n’en est pas question! Trouvons quelque chose de plus authentique, de plus rustique et vivons l’aventure… À FOND!



Je vous présente Maximilien, 34 ans, né en 1987.


Maximilien, AKA « Maximus » pour les intimes, était bien plus qu'un simple véhicule pendant 5 jours.

Il était un vrai compagnon de route que nous avons pris soin de rebaptiser, avec qui nous avons partagé des moments d'intimité aussi excitants que gênants, et qui nous a dévoilé bien des mystères sur son fonctionnement.

Car voyez-vous, Maximilien était à la fois robuste et fragile.


La marche arrière qui se trouvait à la place de la 1ère vitesse se révélait être bien capricieuse et le levier lui-même, de par sa rigidité, remplaçait notre séance de sport quotidienne.

Le toit ouvrant, quant à lui grinçait si fort lors de son ouverture, tant la manivelle était rouillée, qu'il a bien failli nous percer les tympans.

Maximilien nous offrait tout de même le luxe d'une petite kitchenette fonctionnant au gaz ainsi qu'un mini frigo qui refroidissait lorsqu'il en avait envie et une banquette arrière que l'on dépliait pour en faire notre lit.


Pour finir, Maximus atteignait rapidement ses capacités en risquant la surchauffe ou devrais-je dire, le "burn-out", si nous ne le surveillons pas de près. Mais n'ayez crainte, son propriétaire lui avait installé un petit thermomètre qui nous permettait de suivre à chaque kilomètre son état de santé.

Dimanche 8:15: Paris - Lorient.


Après 3h de train on ne sait toujours pas où on va, ni ce qu’on va faire si ce n'est que nous allons récupérer notre van à Quimperle pour un grand tour de la côte Atlantique en Bretagne.

Mais je vous rassure, pour un road trip avec Charles, savoir tout ça, c’est déjà un très grand pas…


Je vous laisserai en bas de l'article, une liste des lieux que nous avons visité.

Mais mon but aujourd’hui est surtout de partager avec vous, l’expérience incroyable et les sensations fortes que j’ai vécu en si peu de temps, dans ce contexte que j’appelle "le retour à la vie sauvage».


Et oui les amis, l’idée du van c’est génial, les beaux paysages c'est encore mieux, mais ça reste des photos Instagram et je n’ai pas eu le temps de vous dire la vérité, toute ma vérité…


Car plus épatant encore que tout ça, c’est mon rapport à la vie, ma relation à la nature que je développais un peu plus chaque jour, tant dans l’amour que dans la difficulté.


Je serais vraiment très curieuse de lire une étude comportementale concernant l’évolution mentale d’un groupe de personnes ayant une vie relativement confortable et vivant pour quelques jours, l'expérience de la vie en van.

Car ce que je ne vous ai pas encore révélé, c’est que je me sentais chaque jour basculer un peu plus vers l'état sauvage.




Première soirée sur « la pointe de la jument » où dormir sur un lit de falaises naturelles vous promet déjà un sacré dépaysement.

Proche de la ville de Concarneau que l’on a d’abord visité, et où on a également dîné, cette première soirée était déjà une expérience bien particulière.


Avez-vous déjà vécu ce sentiment de paraître minuscule face à l’Univers? Une sensation si paradoxale de vide intérieur et d’envahissement extérieur.


Je découvre ce premier soir, à la fois un sentiment d’impatience et d’appréhension, tout en me préparant à dormir dans une nuit noire au milieu de nulle part.

Tout n'est que désert, pas un bruit, pas un pas, seul ce sentiment puissant d’être si proche de l’immensité que nous offre l'océan.


Enfin…pour être tout à fait honnête, disons que la théorie du désert se tenait jusque chaque moment où j’avais besoin d'intimité…


Parce qu'on y pense pas vraiment avant de partir, en se disant qu'on se débrouillera, que tout ira bien et qu'on trouvera forcément un endroit. Mais trouver un endroit pour nous les femmes, lorsqu'on en a besoin, c'est quand même toute une histoire!

J'ai découvert par la même occasion un phénomène qui semble assez particulier à la Bretagne: « Les déserts peuplés » !

Vous connaissez l’expression « être au mauvais endroit au mauvais moment »?


Le lendemain, en haut de ma falaise


Est-ce que vraiment, c’est le moment pour qu'une femme vienne s’installer derrière moi pour parler au téléphone, alors que je viens tout juste de me mettre nue pour essayer de me laver?

Est-ce que vraiment, c’est le moment pour tous ces hommes de courir ou de promener leur chien…oui oui, pardon… c’est même probablement le meilleur moment !


Bref, j’en ai bien rigolé, tout était parfait.


Après une bonne nuit de sommeil, la douche la plus exposée de ma vie et un petit déjeuner assez primitif sur le haut de notre falaise, #biscuitscéleri, nous reprenons la route et découvrons des endroits dont nous n’aurions jamais soupçonné l’existence.

Des plages préservées, du sable blanc, une nature sauvage, authentique. Tout était vrai. Quel sentiment d’humilité face à une telle authenticité…




Mais vous me connaissez et vous savez qu’avec moi, rien ne s’arrête jamais là, au plus grand bonheur de mes lecteurs qui ne s'ennuieront pas de la suite de mon aventure, ou devrais-je dire "mésaventure"…


LE SOIR OÙ TOUT A BASCULÉ


Vous savez tous que je suis assujetties aux crises d’angoisse. C’est le moyen qu'a mon corps; d’exprimer que quelque chose ne va pas, et ô combien la difficulté de ces moments, je le remercie sincèrement.

Mais il y a des fois où vraiment, je ne le comprends pas...

À 22h, heure du coucher, je commence à me sentir bien barbouillée.

Lorsqu’on s’est installé sur notre nouveau spot de bord de plage, on avait bien sûr remarqué des toilettes, mais pas n'importe lesquels, des toilettes turques...


L’horreur, L’HO-RREUR…

Quand j’y pense encore aujourd’hui, non seulement j’ai une envie instantanée de me laver et de bien frotter, mais je vous assure que j'ai encore l’odeur dans le nez!


J’ai essayé de tourner cette histoire dans tous les sens mais il n’y a vraiment aucune façon glamour de vous la raconter, alors simplement, disons que turques ou pas, heureusement que les toilettes étaient là!

Ce qui était vraiment étrange, c'est que je n’ai pas ressenti les symptômes habituels des crises d’angoisse; à part les intestins complètement détraqués, mais rien de spécifique qui faisait penser à une éventuelle anxiété. Et pourtant, le ventre avait parlé!


Bien au contraire, j'ai ressenti cette nuit là quelque chose d’extraordinaire: une sérénité si intense, une confiance aveugle dans un environnement qui pour moi est à la base tout, sauf rassurant.

Je vous ai toujours dit que lorsque je faisais des crises d’angoisse, j’avais un besoin urgent d’air frais.

La seule chose qui me fasse du bien et qui m'apaise réellement dans ce type de situations, est de sortir-marcher-respirer.


Mais ce que je ne vous ai jamais dit, c'est qu’il fut un temps, je faisais des crises d’angoisse si fortes et de façons si récurrente, que l’angoisse de faire des crises d’angoisse m’empêchait de vivre normalement.

La peur d’être malade au milieu de nulle part, au milieu d’une foule ou dans un lieu où je ne pourrais rien faire, où je pourrais tomber dans les pommes sans que personne ne me vienne en aide.


Mais cette nuit là, les pieds dans le sable, alors que j’étais entourée d’eau, un élément que je n’aime pas particulièrement et dont j’ai même un peu peur, alors que j’étais au milieu de nulle part soit aucune chance de me sentir secourue, et enfin, alors que j’étais dans le noir absolu avec pour seuls repères les étoiles et le bruit des vagues, je ne me suis jamais sentie aussi bien et autant en confiance peu importe ce qui pouvait m’arriver.


À ce moment là, je pouvais littéralement me laisser porter, me laisser aller, me laisser tomber. Je me sentais si proche de la Terre que je me sentais protégée.


J’imagine que beaucoup d’entre vous ne comprennent pas ce que je décris là et d’ailleurs je ne vous le souhaite pas.

Quoi que finalement, je vous le souhaite plus que tout. Car cette sensation d’union avec la nature, d’ancrage dans la terre, est l’expérience la plus authentique et la plus sereine que je n’ai jamais vécu malgré ma santé.


Vous l’aurez compris, il y a du bon dans chaque expérience. Et autant vous dire que malgré le peu de temps qui s'est écoulé, à ce stade de l’aventure, j’ai déjà passé un cap de désinhibition, et je me sens encore plus proche de «l'état sauvage».


J’ai bien évidemment d’autres anecdotes à vous raconter, mais pour une première fois, vous vous êtes bien suffisamment immiscés dans mon intimité.



DU CHARME DU VAN À LA VIE DE ROUTE...


La nuit suivante, après une longue route pour nous rapprocher de Saint-Malo, arrêt sur la ville de Saint-Lunaire pour laquelle j’ai eu un gros coup de coeur, malgré l’ambiance totalement opposée à tout ce que nous avons vécu jusqu'à présent.

Très difficile de retrouver la ville, le bruit, le passage, de reconnecter doucement avec « la vraie vie » ou pas…


L’expérience du van, elle aussi était bien différente.

Nous avions perdu en une fraction de seconde le charme de Maximilien et nous sentions bien plus sales et beaucoup moins cool en arrivant là-bas.


Cette nuit là, encore malade, j’ai remis des choses bien différentes en question.

J’étais déjà épuisée, au bout de trois jours, par le manque de sommeil, le manque d’énergie et le fait d’être constamment en alerte.


Parce que oui, je suis une femme, je n’ai pas la même aisance qu’un homme pour «trouver de l’intimité», pas le même sentiment de vulnérabilité et je rôde toutes les demi heures dans les rues d’une ville vide de commerce et à demi peuplée pour trouver un coin noir, tout en ayant conscience du danger.

Je suis envahie par un sentiment à la fois de mal-être, d’empathie, et de culpabilité envers les plus démunis, alors que moi, j’ai choisi de vivre cette expérience et surtout moi, j'ai un endroit où dormir en sécurité.

Je n’aurais jamais pensé qu’une expérience aussi courte pouvait se révéler si intense.

Il est cependant évident que si je n'avais pas été malade, je n’aurais jamais vécu les choses comme ça.


Vous imaginez bien qu'avec les portes du van qui claquent toutes les 30 minutes et la peur que je me fasse agresser dans le noir, Charles ne passait pas non plus les meilleures nuits de sa vie. Alors pour terminer ce voyage, nous avons décidé d'écarter tout danger...

UNE NUIT AU CAMPING



J'ai déjà fait du camping sauvage, aventure qui n'a donc rien à voir avec le fait de s'installer dans un camping équipé de toutes les commodités.


À ma place, arrivée dans un camping après deux nuits pareilles, qu'est-ce que vous auriez fait?


Evidemment que la première chose que j’ai faite fut d’aller me doucher.

Ah "la douche", doux mot qui fait frétiller mes oreilles...

Je peux vous dire que frotter 4 fois mon corps avec du savon, était loin d'être suffisant pour que je me sente récurée.


Je n'ai jamais autant apprécié la sensation de l'eau qui coule le long de mon corps, l'odeur du savon et le sentiment de propreté une fois que j'avais terminé.


Quoi que pas tout à fait...Car le lendemain du camping, jour de notre retour à Paris, la première chose que j'ai faite était à nouveau de me laver.

Et pour tout vous dire, il m'a fallu une bonne semaine avant de faire partir complètement ce sentiment de saleté.


Vous l'aurez compris, j'ai donc passé 5 jours pendant lesquels je me suis sentie nourrie physiquement, spirituellement et visuellement.

Une expérience intense qui m'aura permis de voir et ressentir certaines choses bien différemment.

J'ai eu d'abord la confirmation de l'importance qu'est la nature à mes yeux et de ce qu'elle pouvait m'apporter. De la façon dont elle pouvait à la fois me nourrir et m'apaiser.

J'ai toutefois également réalisé que je devais trouver un certaine équilibre, car vivre à long terme dans la nature pure et dure, n'est absolument plus une option à envisager !





Nos quelques arrêts le long de la côte Atlantique


Lorient

Quimperle

Pointe de la Jument

Concarneau

Plomeur

Plogoff

Cléden-Cap-Sizun

Cap de la Chèvre

Plage de la Palue

Plage de Lostmarch

Brest

Fort du Minou

Plouarzel

Sibiril

Pointe du Raz

Pointe du Van

Saint-Lunaire

Saint-Malo

Clohars-Carnoet

Le Pouldu

Auray



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